
Connaissez-vous l’aquaponie ?
L’aquaponie est un mode de culture associant l’élevage de poissons dans un bassin avec la culture de plantes. Une pompe fait transiter l’eau du bassin au niveau des racines des plantes en culture, puis l’eau retourne ensuite dans le bassin. Il s’agit donc d’un cycle fermé qui profite à la fois aux plantes et aux poissons : les déjections des poissons chargent l’eau en éléments nocifs pour eux mais très nutritifs pour les plantes ; ces dernières les absorbent au passage et l’eau, épurée pour les poissons, revient dans le bassin. Pour être tout à fait exact, un troisième acteur est nécessaire dans ce système pour transformer les matières fécales en éléments assimilables pour les plantes. Il s’agit de bactéries, et notamment des bactéries nitrifiantes.
L’aquaponie est, selon moi, un mode de culture qui mérite d’être mis au premier plan pour plusieurs raisons :
1) Elle permet d’économiser plus de 90% d’eau 💧.
A la différence de l’agriculture conventionnelle, l’aquaponie utilise l’eau en circuit fermé. Toute l’eau qui sera consommée le sera à cause de l’évaporation et de la transpiration des plantes. Contrairement à la culture classique où une grande partie de l’eau consommée sera « perdue » dans la terre et ne profitera pas aux plantes. Or, dans le climat écologique actuel, la préservation des réserves d’eau douce et potable est un enjeu crucial.
Évidemment, il est également possible de diminuer l’arrosage des cultures classiques en utilisant une bonne couche de mulch ou des oyas, par exemple. Dans ce cas, et je le dis par expérience, l’économie d’eau n’est plus aussi flagrante car même si, en aquaponie, l’eau est dans un circuit fermé, l’évaporation dans les bassins en période estivale n’est pas négligeable.
Dans tous les cas, une quantité d’eau non négligeable pourra être économisée en comparaison à la culture conventionnelle 👍 .

2) Les plantes bénéficient souvent d’une meilleure croissance et d’une meilleure santé 🌱.
Il est plus facile de subvenir aux besoins des plantes en aquaponie. Premièrement, elles ne peuvent subir de stress hydriques étant donné que leurs racines sont perpétuellement en contact avec de l’eau. De plus, le couple poissons/bactéries (ainsi que quelques apports externes de minéraux et d’oligoéléments) apporte en continu tous les nutriments dont les plantes ont besoin et ces nutriments, dissous dans l’eau, sont directement assimilables par les végétaux. Il est très difficile, voire impossible, d’atteindre des conditions aussi optimales dans une culture classique en pleine terre. Par conséquent, des plantes cultivées dans un système aquaponique bien maîtrisé donneront souvent plus de récoltes et plus rapidement, ce qui permet, in fine, de diminuer la surface totale nécessaire pour obtenir la quantité de fruits/légumes souhaitée. Diminuer la surface de culture est un mécanisme que l’on retrouve souvent dans la permaculture car elle laisse davantage de place à la nature sauvage. Or, bien souvent, il n’y a rien de mieux pour la biodiversité que l’absence d’interventions humaines 😊.
3) Les poissons peuvent être valorisés 🐟.
Les plantes cultivées avec ce système ne sont pas les seules à pouvoir être valorisées. C’est aussi le cas des poissons. En effet, les poissons rouges ou les carpes Koï sont souvent utilisés pour leur robustesse et leur adaptabilité, mais un système aquaponique optimisé peut contenir des poissons comestibles tels que des truites ou des tilapias par exemple. Notons d’ailleurs que les poissons vivent dans une eau purifiée activement par toutes vos cultures ce qui a pour effet d’améliorer leur croissance, leur bien-être et leur résistance aux maladies. Les bénéfices sont similaires à ceux constatés pour les plantes en fait… En permaculture, un des objectifs principaux à atteindre est l’optimisation de l’espace et de la charge de travail via la favorisation de la multifonctionnalité de chaque élément de notre système. Ou dit plus simplement, on essaie de faire en sorte que chaque chose mise en place ait plusieurs utilités. L’aquaponie est selon moi une démonstration élégante de ce principe : le bassin sert à la fois à la production de poisson et à la production de nutriments pour les plantes. Les plantes, quant à elles, produisent des légumes/fruits et purifient l’eau du bassin. Bien sûr, si vous êtes végétarien et/ou contre l’élevage d’animaux ou la consommation de leur viande, vous pouvez aussi élever des poissons pour ensuite les donner à une connaissance souhaitant se lancer dans l’aquaponie ou les transférer dans votre petite mare familiale 😊.
4) On peut cultiver plus avec moins d’espace.
Les systèmes aquaponiques se passent complètement de la présence de sol puisque les racines grandissent dans une matrice neutre (billes d’argile, mousse en plastique PET…) grâce à un afflux constant d’eau contenant les nutriments nécessaires. Par conséquent, il est possible de cultiver des plantes en trois dimensions facilement (voir photos ci-dessous). Ce qui multiplie le nombre de plantes cultivables par unité de surface par rapport à une culture en pleine terre ou en bac (qui ne comprennent que 2 dimensions). D’ailleurs il est théoriquement possible d’associer une culture aquaponique avec une culture en terre du moment que le design est réalisé de sorte à ce qu’il n’y ait pas de compétitions pour la lumière. Comme énoncé dans le premier point, la réduction de la surface de culture est bénéfique pour la biodiversité (plus de place laissée au sauvage) et aussi pour le cultivateur (moins d’espace à entretenir).


Sur ces images, vous pouvez voir ce que cela donne dans mon installation avec des tomates, des salades et des melons 😎
Évidemment, l’aquaponie possède certains désavantages non négligeables, même si la somme des bénéfices obtenus les compensent largement à mon avis. Ci-dessous ceux qui sont, à mon sens, les plus importants à prendre en compte :
1) Un coût d’investissement pouvant être élevé.
L’investissement dans une installation aquaponique peut être conséquent. Surtout si l’on souhaite un système « clef en main » ou « toutes options ». Cela dit, le faible nombre de prestataires proposant ce genre de produits en est peut-être la cause. Il sera plus aisé et moins cher d’acheter et d’assembler les différents éléments du système séparément. Mais il faut alors s’y connaître un minimum en aquaponie et…en bricolage 😄. Dans tous les cas, cela vous coûtera moins cher de planter vos tomates dans votre jardin directement. Mais encore faut-il disposer du sol et de la place nécessaire. Chez moi, la place n’est pas un problème mais mon sol est absolument ingrat (peu de profondeur, plein de caillasses, pauvre…). Il est très long et fastidieux de le rendre exploitable. L’aquaponie me permet d’économiser des dizaines d’heures de bêchage, piochage, paillage, amendement, etc… Et comme le temps c’est de l’argent… vous me suivez 😉.
2) Une culture moins stable devant être maitrisée et surveillée.
Lorsque l’on cultive en terre, celle-ci joue un rôle de tampon entre la plante et son environnement. Elle stocke notamment l’eau et les nutriments un certain temps et joue un rôle de tampon pour les variations de pH. Cela permet une certaine marge de manœuvre dans les soins apportés aux cultures : si l’on arrose pas tous les genres, c’est pas grave (c’est même recommandé de ne pas le faire !); si vous n’alimentez pas de compost vos plantes tous les mois, c’est pareil, normalement elles s’en sortent très bien.
En aquaponie, en revanche, il suffit que le système de pompe n’alimente plus les plantes en eau lors d’une belle journée d’été et vous vous retrouvez avec des serpillères vertes suspendues à la fin de la journée. Si vous oubliez d’ajouter régulièrement dans votre bassin les nutriments nécessaires aux végétaux (les poissons n’en fournissent qu’une partie), elles présenteront rapidement des carences, fautes d’avoir un stock disponible à proximité de racine.C’est pour ça qu’un système aquaponique est théoriquement plus performant qu’une culture en terre A CONDITION DE surveiller l’apport en eau et en nutriments des plantes. Sans parler du pH et de l’oxygénation de l’eau dont les variations peuvent survenir rapidement ce qui est vite néfaste pour les poissons, les bactéries bénéfiques ainsi que les plantes du système. Cette surveillance prend bien moins de temps au total que le temps qu’il faudrait pour entretenir une parcelle de culture en terre. Une heure par semaine peut suffire. Mais la surveillance se doit d’être plus régulière au risque de perdre notre culture, nos poissons et nos bactéries chéries 🥰.
3) Certaines plantes ne sont pas adaptées à ce mode de culture.
Pour l’instant je ne connais pas de systèmes hors-sol qui permettent de produire des légumes racines et des tubercules (carottes, navets, pomme de terre, etc…). La raison est simple : ces plantes ont besoin de place dans la matrice qu’occupent leurs racines pour se développer et produire ce qui nous intéresse. Or, les systèmes de culture utilisés actuellement n’offrent pas cette place nécessaire. De plus, il est facile d’imaginer que les pommes de terre, par exemple, supportent mal le contact constant avec de l’eau. Cela dit, je suis certain qu’un petit malin arrivera un jour à concevoir un dispositif le permettant. Reste à savoir si cela sera rentable par rapport à une culture classique en pleine terre.
4) Impact carbone et difficulté d’ancrage dans un environnement naturel ?
Ce dernier point est peut-être celui qui fait que l’aquaponie pourrait avoir du mal à être considérée comme faisant partie d’une démarche permaculturelle. En effet, la permaculture, contraction de « permanent culture » vise à instaurer des pratiques humaines qui préservent la nature. Pas uniquement parce que celle-ci est belle et mérite d’être protégée, même si personnellement cette raison me suffirait, mais aussi parce que cela est bénéfique pour nous à long terme. De nombreuses études scientifiques ont confirmé le lien étroit qu’il existait entre notre activité sur Terre et les changements du climat ainsi que la chute de la biodiversité. Elles ont aussi démontré que notre sort est lié à ces changements pour le meilleur et surtout pour le pire.
C’est pour cela que l’un des principes de la permaculture est de limiter les activités pouvant entraîner une production de gaz à effet de serre ou une atteinte à la biodiversité. Le mieux pour cela étant de limiter les activités tout court 😅. Si l’on considère l’approche aquaponique, on peut aisément voir le problème : production de CO2 via la fabrication des matériaux nécessaires ou la consommation d’électricité + occupation d’un espace qui ne favorise pas la biodiversité. C’est indéniable, mais si l’on compare avec une approche de culture conventionnelle permettant de produire la même quantité de nourriture, nous pouvons nous poser les questions suivantes :
Le gain de temps et la charge de travail allégée ne diminuent-ils pas (ou du moins, compensent) la quantité de CO2 générée par l’exploitation ? En effet, même si l’on compare à un maraîchage bio n’utilisant pas de pétrole, c’est-à-dire pas de tracteurs et tutti quanti, il faudrait davantage de main d’œuvre pour produire la même quantité de ressources car la charge de travail (entretien du sol, désherbage etc…) serait supérieure à une exploitation aquaponique. Et cette main d’œuvre produit du CO2 !
X travailleurs vont prendre leur voiture pour venir travailler sur place → CO2. Pour pouvoir travailler, ils vont consommer de la nourriture. Cette nourriture aura été confectionnée en produisant du CO2 également. Puis ils vont rentrer chez eux en voiture. L’usure des pneus à cause de ces trajets augmente la consommation générale de caoutchouc. Il faut un plus grand nombre d’outils pour les équiper, plus d’habits aussi etc…vous voyez où je veux en venir.- Le rendement par unité de surface supérieure de l’aquaponie ne permettrait-il pas de réduire l’espace occupé par les cultures ? En réduisant cet espace, on peut le laisser disponible pour la nature sauvage, ce qui est finalement bénéfique pour la biodiversité 🐰🦋🦠.
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